De nombreux créanciers PME ou indépendants se trouvent confrontés à un même problème : leurs clients, souvent de grandes ou moyennes entreprises, paient avec des semaines – voire des mois – de retard. Derrière ces délais se cachent des techniques bien rodées, rarement illégales mais souvent abusives, qui visent à préserver leur trésorerie… au détriment de la vôtre. Cet article fait le point sur les méthodes les plus courantes utilisées pour retarder les paiements fournisseurs – et pourquoi il est essentiel d’y répondre vite.
1. La technique du “dossier incomplet”
Un grand classique. Dès que la facture est reçue, le service comptabilité invoque un « manque de pièce » : bon de commande absent, numéro de contrat incorrect, mention oubliée, etc.
Exemple concret : une entreprise exige une mention spécifique dans l’objet de la facture (ex : « Commande N°xxxxx-2025 »). Si elle ne s’y trouve pas, elle « bloque » la facture pour correction… sans prévenir immédiatement. Si l’entreprise a mis en place un site fournisseurs , il se peut même qu’il soit impossible de transmettre la facture s’il manque des éléments.
Pourquoi ça marche ? Parce que tant que le dossier est “non conforme”, le compteur de délai de paiement ne commence pas à tourner. Une manière déguisée de se donner 30 jours supplémentaires.
Un client nous a récemment expliqué que ses prestations de février n’ont pu ainsi être facturées que fin mai, parce que son client ne lui avait pas adressé plus tôt les éléments nécessaires pour facturer.
La facturation électronique, obligatoire dans un an, devrait remédier en partie au problème. Sous réserve que le client transmette rapidement les informations nécessaires pour facturer.
2. La validation en chaîne interminable
Certaines entreprises mettent en place des processus de validation à plusieurs étages : la facture doit être approuvée par le service demandeur, puis le manager, puis la direction achats, puis la direction financière, etc. Cela se comprend pour s’assurer de la conformité de la facture et dans une logique de lutte contre les fraudes, mais c’est au détriment des fournisseurs.
Exemple concret : une PME prestataire d’un grand groupe met 20 jours à voir sa facture validée… juste pour que la comptabilité puisse ensuite la traiter dans les 30 jours réglementaires.
Résultat : des délais de traitement artificiellement allongés, que le fournisseur ne peut ni suivre ni contester facilement, surtout s’il dépend de ce client.
3. Le « ralentissement administratif » stratégique
Certaines sociétés profitent des périodes sensibles (congés d’été, fin d’année, clôtures comptables) pour “geler” des paiements. D’autres vont jusqu’à regrouper les paiements par lots, une fois par mois, quel que soit l’échéancier initial.
Exemple concret : une entreprise annonce qu’elle ne traite les paiements fournisseurs que le 15 de chaque mois. Si la facture est due le 3, elle sera réglée… le mois suivant.
Ce que cela cache : une volonté délibérée de maîtriser les sorties de trésorerie, avec peu de considération pour l’impact côté fournisseur.
Conclusion : vigilance et réaction rapide sont vos meilleures armes
Ces méthodes, bien que parfois légales, sont rarement transparentes. Elles fragilisent la trésorerie des entreprises fournisseurs et reposent sur un déséquilibre de pouvoir. La meilleure réponse ? Ne pas laisser traîner. Plus l’impayé vieillit, plus le rapport de force s’inverse. Espérons que la généralisation de la facturation électronique apporte un début de solution à ces problèmes récurrents.