Un Etat taxateur, dépensophile, budgétivore et déficitophage
Pour une fois, notre lettre mensuelle ne parle pas d’un sujet lié au recouvrement de créance.
Nous voulons nous insurger contre l’addiction à la dépense publique, et son corollaire, la frénésie taxatrice.
En 2017, La France s’est rêvée en Start Up Nation. 8 ans plus tard, le rêve se transforme en cauchemar de Tax Up Nation.
Si l’augmentation des impôts était la solution miracle, la France serait le paradis sur terre, avec une croissance enviée de tous, une pauvreté éradiquée et un désendettement total. Hélas !
L’exemple des retraites
- Pourquoi est-il si difficile de faire comprendre que si le nombre de travailleurs actifs diminue alors que le nombre de retraités augmente, la ponction des pensions de retraites sur les revenus des actifs sera de plus en plus importante ?
- Il semblerait, au vu des sondages, qu’une majorité refuse cette évidence. Mais quand on regarde le spectaculaire taux d’épargne en France, on peut en déduire que nos concitoyens ont parfaitement intégré la baisse inéluctable des pensions de retraite, et donc la nécessité d’épargner plus pour compenser cette baisse.
- Que font nos proches voisins européens ? En Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, l’âge de départ à la retraite est de 67 ans, et il y a consensus pour le faire augmenter dans les années à venir.
Ces pays ne sont pourtant pas des enfers pour les travailleurs ! 67 ans, c’est aussi l’âge pour prendre sa retraite en Italie, gouvernée à droite, et dans la très socialiste Espagne. - Recul de l’âge de départ à la retraite, baisse des pensions, hausse des cotisations ? Quel cocktail voulez-vous mixer, puisque l’on a laissé la situation dégénérer depuis trop longtemps ?
La fureur administrative
- Il suffit d’aller sur les sites internet des ministères pour faire la liste effarante des agences et opérateurs de l’Etat, inventaire qui n’est d’ailleurs pas nécessairement complet.
- Le Ministère de la Santé fait ainsi coexister:
– l’Agence du Numérique en Santé
– l’Agence National d’Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux
– l’Agence Technique de l’Information sur l’Hospitalisation.
Suggérons la fusion des trois, ce qui permettrait l’économie des structures administratives propres à chacun d’eux.
Et que dire de Santé Publique France, agence créée en 2016, dont on a du mal à comprendre en quoi ses missions se distinguent de celles de son ministère de tutelle.
- Il y a en France plus de 36.000 communes, qui représentent la moitié des communes de toute l’Union Européenne. La plupart n’ont que quelques dizaines ou centaines d’habitants, et leur structure fait qu’elles sont incapables d’ingurgiter et d’implémenter la folie réglementaire et normative que l’État déverse sur elles.
Supprimons 30.000 communes : nous n’avons pas besoin d’une telle abondance de structures administratives, mais de points de contact et de services, combinant les accès fixes, itinérants et dématérialisés.
Par ailleurs, beaucoup de petites communes ont des difficultés à trouver des maires volontaires pour les gérer, avec les risques judiciaires et pénaux qui y sont associés.
Tax up Nation, l’imagination au pouvoir
- S’il est un domaine où l’imagination et la créativité ne manquent pas, c’est bien la fiscalité. On ne parle d’ailleurs pas d’augmenter les impôts, mais d’améliorer la justice fiscale. Qui peut être contre la justice ?
- L’impôt sur le revenu n’est payé que par 48% des foyers, les 10% les plus imposés en payent 70%, et 1% des contribuables représentent 40% des montants levés. Quelle injustice !
- La dernière trouvaille est la « taxe Zucman », du nom de cet évadé fiscal domicilié sous les cieux plus ensoleillés et fiscalement plus cléments de la Californie, qui consiste à imposer tous les ans une valeur fluctuante et évanescente, sous prétexte qu’il s’agit de riches.
- Un récent article de Pascal QUIRY, professeur de finance à HEC, a montré que l’application de cette taxe impliquerait que le prélèvement de l’Etat sur la richesse créée par une grande entreprise familiale serait de 66% à 93%.
- Les rumeurs parlent aussi de ressusciter l‘ISF et d’augmenter les droits de succession en limitant les réductions du pacte Dutreil.
Il a été amplement prouvé les ravages que ces prélèvements ont causé dans le tissu des entreprises industrielles familiales, en obligeant à la distribution de dividendes élevés, au détriment de l’investissement et de la croissance, afin de payer l’ISF et de provisionner les droits de succession. - L’an dernier, la nouvelle taxe avait pour nom CEHR, Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus. Bien entendu, son caractère exceptionnel a disparu, toujours au nom de la « justice fiscale ». On parle maintenant de la CDHR, le caractère exceptionnel ayant été remplacé par Différentielle. Craignons l’augmentation de son taux et la baisse de son seuil de déclenchement.
- Et puisque nous sommes dans la période des impôts locaux, observons que la taxe GEMAPI, sur la gestion de l’eau et la prévention des inondations, perçue par les intercommunalités, a augmenté de 35% en 2025 en région parisienne, et a été multiplié par trois dans certaines communes.
Conclusion
Faisons un rêve : que ceux qui président aux destinées de la Nation mettent leur énergie, leur imagination et leur créativité au service de la simplification administrative, de la réduction de l’empilement des collectivités locales, de la désintoxication normative plutôt que de l’inflation taxatrice !